08.11.2015
Journée portes-ouvertes

Invitation... le semblable touche plus que le différent


Le 8 novembre 2015, la Plateforme Interreligieuse du Valais avait organisé une journée portes-ouvertes des différents lieux de prière et d’étude à Martigny. 
Ainsi, l’association bouddhiste « Gendun Drupa », l’association musulmane « De la Lumière à l’Excellence », le temple protestant et l’église catholique de la ville étaient prêts ce jour-là à recevoir les invités... Car il s’agissait bien d’une invitation, avec le caractère fragile et aléatoire de l’affaire, une invitation à la rencontre, à la découverte, au dialogue... Une invitation faite à tous et non un rendez-vous ni une convocation...

 

Je me trouvais pour ma part aux portes de l’église catholique, sous un ciel très doux, attendant avec des paroissiens qui s’étaient rendus disponibles pour venir ce jour-là faire visiter à d’autres ce lieu si familier et accueillir les visiteurs et leurs questions. Il s’agissait déjà entre nous d’un premier temps de rencontre, de partage d’une foi commune et de notre attachement à ce lieu, à une communauté bien vivante.

 

Et enfin, les invités sont venus... Quelle expérience ! Je me suis retrouvée avec un groupe de jeunes musulmans de Martigny pour qui, entrer dans une église, était en soi quelque chose de tout à fait nouveau... (Mais qui de nous est entré dans une mosquée ?). Je me doutais bien que nous avions de grandes différences quant à nos lieux de rassemblement religieux, mais c’est véritablement leur curiosité et leur étonnement qui m’ont rendu attentive aux particularités du lieu et surtout de ma foi.


Ainsi, sans me perdre dans les considérations sur la « présence réelle », je me suis retrouvée, leur parlant de la division de l’espace, à désigner ce lieu, le chœur, lieu habité et sacré. « Pour vous, Dieu est plus là qu’ailleurs ? » me dit un jeune étonné, « Oui... » Et dans ce oui, je me retrouvais entièrement... Oui, quand je pousse la porte de l’église, que je m’y arrête un moment, je me pose en ce lieu car je crois que Dieu est plus là qu’ailleurs, mais je ne me l’étais jamais formulé ainsi...

 

Quelle émotion surprise chez ces jeunes, en découvrant Marie représentée sur le tableau du maître-autel, car Marie est une figure importante pour eux. Elle était là, au cœur de notre attention, « Marie de la Visitation », partie elle aussi à la rencontre, répondant à une invitation intime et pressante... Quelle merveille ! Un autre temps fort dans un de ces échanges a été le moment où nous nous sommes penchés sur ce qui reste visible des fondations (fonts baptismaux du IVème siècle). Epaisseur du temps qui leur parle, et qui soudain me rend participante de cette longue marche à travers les siècles, de ces générations de chrétiens qui ont transmis le message qui les avait touchés au cœur.

 

Avant de sortir, un jeune me dit le regard brillant et un peu amusé : «On pourrait voir un confessionnal ? ». « Un confessionnal ? Mais comment connaissez-vous cela ? ». « Eh bien, me répondit-il, il y en a dans les films ! » Nous avons poussé la toute petite porte de l’antique confessionnal au fond de l’église et découvert ensemble qu’il n’y avait plus la fameuse « grille » qui, à la fois, cache et laisse deviner... Complicité amusée autour de ce constat... Tout change...

 

Voilà quelques moments-clés parmi tant d’autres vécus dans cette rencontre, dans cette joyeuse réponse à l’invitation...

 

Je sais par ailleurs qu’ils sont nombreux ceux et celles qui se sont rendus en visite à la salle de prière musulmane. Là encore, les échos sont forts, le semblable touche plus que le différent, et la demande d’une nouvelle journée « portes-ouvertes » est exprimée.

 

Pour moi, au-delà du rayonnement de la rencontre, cette journée du 8 novembre 2015 a donné corps à une idée à laquelle je crois profondément : le dialogue interreligieux, loin de mener au syncrétisme, enracine chacun et chacune dans sa foi en l’ouvrant au monde de la foi de l’autre. Durant ce temps partagé, avec leurs questions et leur intérêt, ces jeunes ont rénové mon espace intérieur, éclairé ce que l’habitude rétrécissait et obscurcissait... et je les en remercie !

 

Françoise Besson